23 Mai 2021
Tel est pris qui croyait prendre ! Les "yeux mobiles", ou "googly eyes" en anglais, sont ces faux yeux en plastique que l'on trouve en sachets dans les boutiques de loisirs créatifs. Les plus jeunes en raffolent dans leurs bricolages. Ce que l'on sait moins, c'est que certaines personnes, à la fibre librement artistique et à la douce folie, les utilisent sur le mobilier urbain. Au cours d'une flânerie, j'ai découvert, il y a plusieurs années, une installation inattendue de ces "yeux mobiles" sur une conduite de gaz. C'est alors qu'un monde insoupçonné, aux possibilités infinies, à l'instar des paréidolies, s'est ouvert à moi. L'idée est de les fixer avec un collant sur un objet minutieusement choisi, afin de le rendre poétiquement "animé" et "vivant".
Grâce à la généreuse fantaisie des uns et des autres, des créatures curieuses, comiques et expressives, prennent place dans la sphère publique. Après un premier billet dédié aux "yeux mobiles" et un commentaire de mon ami internaute Covix, j'ai pu constater que le phénomène du "eyebombing" était répandu mondialement.
Des anonymes, des artistes, et même une fondation, revendiquent l'usage des "googly eyes". Individuel ou collectif, un vaste mouvement s'est mis en marche. Tous les jours, de nombreuses photos "humanisant" des choses sont partagées sur la toile.
Avec deux yeux mobiles, l'emblématique cône orange prend les allures de Ponto, le personnage de bande dessinée de Tania Mignacca. Sur la seconde image, une borne d'incendie s'anime.
Récemment, le créateur francais de cette idée géniale, Do Benracassa, m'a contactée pour me transmettre de l'information sur cette pratique déroutante. En 1983, cet enseignant et artiste français a l'idée de développer son concept comme support pédagogique, notamment auprès d'enfants en situation scolaire difficile.
L'exécution est simple, mais nécessite néanmoins une réflexion pour dénicher un endroit pertinent (objets, nourriture, affiches publicitaires...). Do Benracassa se rend compte alors de la puissance de ce jeu qui fait la part belle à la créativité. Il approfondit sa démarche et intitule son projet "Ça vous regarde".
À la fin des années 1990, il installe de nombreux yeux autocollants dans l'environnement urbain. Dans l'esprit du roman 1984 de George Orwell, il sensibilise aussi les passants au fait qu'ils sont observés, et invite à se questionner dans un monde où la surveillance est devenue omniprésente. Le terme ''eyebombing'' ne va émerger qu'au début des années 2010. La plupart du temps, cette paire d'yeux se détache très facilement et ne détériore pas le bien public. L'absence de signature démontre qu'il s'agit surtout d'un divertissement à la portée de tous.
Êtes-vous prêts à voir la vie autrement, à sourire ou à faire sourire ?
Croiser du beau monde et ouvrir ses mirettes dans les rues de Montréal.
Un simple déplacement et un changement de taille des yeux peuvent changer l'allure du personnage. Reconnaissez-vous Cookie Monster sur la première image ?
Sur des souches de bois, des fleurs... tout est propice à l'amusement.
Parfois, les yeux mobiles se retrouvent sur des affiches électorales ou des publicités. Le résultat est souvent vraiment drôle.
Le confinement imposé permettait aussi de se distraire avec le banal du quotidien : interrupteur, poignées de porte, fissures des murs en briques... Une thérapie bienfaisante !
La nourriture ou des emballages peuvent servir de support. Do Benracassa explore déjà cette piste depuis des années.
Les yeux mobiles - Montréal, les caribous et moi
Sur une pièce de canalisation, une borne d'incendie ou une création d'art de rue... les yeux mobiles, accessoires de loisir créatif par excellence, se retrouvent collés dans l'environnement urb...
https://montreal-les-caribous-et-moi.over-blog.com/2018/08/les-yeux-mobiles.html
Interestingly, at this time the corona-virus pandemic is causing massive intervention to the normality of operations in busy cities where lifestyles revolve around social gatherings for occupations...
https://medium.com/@nixiep/the-origins-of-eyebombing-3203d18da5d9
Pour tout savoir sur la genèse de ce phénomène hors du commun et son intention louable.
Depuis mon arrivée à Montréal en juin 2012, je prends des instantanés insolites de la ville. Toutes les photos de ce site sont créditées © Ariane Dadier #montrealstreetart